Poèmes

Percevale

I.
la prostitution c’est pas
un contrat
c’est pas un mari
j’ai pas d’bague au doigt

je le fais comme ca
de bonne chatte
de bonne foi

avant d’ramasser mon cash
pis d’leur dire
‘’bon ciao’’

donnez moi des sous
pour qu’j’achète à mon tour
quelque chose pour charmer
tous les hommes à mon goût

j’suis preneuse de cadeaux
même les impersonnels
tout l’monde adore le vin
et moi j’en fait des poèmes

je n’aime pas les bijoux
mais quand j’en reçois
par vous
je me trouve élégante
et ca m’excite étrangement

je tombe amoureuse
3 fois chaque jour
durant moins d’trente minutes
et j’connais rien à l’amour

Peinture par Percevale

II.
ils rient à mes blagues de
bon coeur
mi nostalgie mi bonheur
mes vieux sans coeur
charitables
qui l’diront jamais à leur femme
moi j’ai pris le choix
d’en profiter
j’y trouve de quoi d’poétique
j’trouve même ça
bien comique
moé j’ai décidé
que j’peux prendre c’que
ça engendre
c’est comme un
travail d’actrice
de psy, d’pénis pas trop steadé
sé rentrées
d’fric
c’comme un travail qui t’scie
en deux à grands
coups d’bat
qui t’apporte du pain sa table
pis qu’tu peux faire partout
sa map
quand t’es prostituable

III.
j’viens d’enlever tous
mes vêtements
reste juste mes
boucles d’oreilles
mais j’en portais rien qu’une
aujourd’hui
je dors au salon d’putes ce soir
demain c’est l’heure
j’espère e rien sentir
(j’ai juste envie de toi)
je pique une sniffe sur
mon bras
ca sent ta sueur un peu
on n’est pas trop forts sur les
douches quand on est
ensemble hen
moi ici j’me lave après
chaque client,
les chambres empestent
le condom
le parfum cheap pis la souillure
je repense à toi tantôt
qui m’a dit ‘’je t’aime’’ pour la
première fois

maudit que la vie c’est beau.

IV.
les filles chialent qui’a
pas d’client
ca s’maquille en attendant
elles me disent de peigner
mes ch’veux
que le self-care c’est important

j’veux juste être fière comme
un bateau
qui’a pas d’humain
d’embarqué d’dans
tout c’qui m’importe c’est
d’pas couler
j’me criss du sens que
va l’courant

V.
les motels seront
des royaumes
comme le vieux banc arrière du
char
les lits seront des temples
et les cigarettes des remèdes
dans nos gueules puantes de
vivant
qui s’embrassent sans arrêt
qui mangent la bouche ouverte
et qui rient tout le temps