Entrevues par Adore Goldman, Melina May et Susie Showers
Rédaction de l’analyse par Adore Goldman et Melina May
En tant que mouvement, nous avons trop souvent tu nos mauvaises conditions de travail par peur que les prohibitionnistes ne se les approprient pour nous priver de notre agentivité et nous décrédibiliser. Ce n’est pas pour autant que nous n’avons pas résisté quotidiennement: dans les milieux de travail comme à la maison, nous mettons en place des tactiques pour lutter contre les abus, les violences ou tout simplement, les emmerdements quotidiens.
Cette année, le Comité autonome du travail du sexe (CATS) a entrepris une enquête militante en salon de massage afin d’y documenter les conditions de travail. Nous avons réalisé 14 entrevues avec des masseuse.rs ayant travaillé principalement à Montréal. Ce procédé avait pour objectif de comprendre les tactiques mises en place par les travailleuse.rs pour résister aux abus sur leur milieu de travail, puis de transformer cette analyse en stratégies d’offensive collective.
Notre initiative s’inspire de la tradition des enquêtes ouvrières. Elle allie à la fois la production de connaissances et l’organisation politique. Nous n’avons aucune prétention à l’objectivité scientifique. Au contraire, nous prenons sciemment le côté de nos collègues dans notre démarche puisqu’elle se veut aussi une démarche d’organisation collective dans nos milieux de travail. Il s’agit d’une pratique de co-recherche où le savoir est créé «d’en bas».
Avant de poursuivre avec l’analyse des informations récoltées lors de l’enquête, il serait judicieux de se situer en tant qu’enquêteurices. Les personnes qui ont élaboré ce projet viennent de différents milieux de travail. Bien que certain.es d’entre nous aient déjà été masseuse.rs, nous ne travaillons pas dans ce milieu actuellement. Nous sommes escortes indépendantes et nous avons toustes de l’expérience dans des milieux avec un patron, soit en strip club ou en salon. Cette analyse et les propositions d’organisation amenées en conclusion sont le fruit de nos discussions avec les masseuse.rs dans le cadre de cette enquête et de notre expérience dans l’industrie du sexe. Nous espérons que ces idées puissent servir de point de départ à des discussions plus larges sur l’organisation des TDS.
La première partie de l’enquête militante adressait l’entrée dans l’industrie du sexe, les motivations des participant.es à y travailler et à occuper un second emploi.
Entrée dans l’industrie du sexe
Dans les raisons d’entrer dans l’industrie du sexe évoquées par les TDS interrogé.es, une constante ressort: les besoins économiques sont centraux. Plusieurs d’entre iels ont mentionné.es être aux études à temps plein ou vouloir quitter un emploi à salaire minimum, notamment en service et en restauration, pour gagner plus d’argent en moins de temps. Quelques-un.es ont nommé avoir été introduit au milieu par un.e ami.e qui travaillait déjà dans l’industrie.
Pour d’autres, ce sont des situations de précarité fragilisantes qui les ont poussé.es à choisir le travail du sexe. Un.e des participant.es nous a témoigné avoir une contrainte sévère à l’emploi qui l’empêche d’occuper un emploi à temps plein. L’aide sociale ne pouvant pas répondre à ses besoins de base compte tenu de la hausse du coût de la vie, commencer le travail du sexe a été un soulagement à sa détresse financière. Pour une autre personne, c’est son statut précaire d’immigration qui l’a encouragé à choisir un emploi qu’elle pouvait occuper sans papier et qui lui permettait de payer les frais associés à la régularisation de son statut au Canada. Une personne a aussi mentionné vouloir se sortir d'une relation abusive.
Pour près de la moitié des participant.es, le milieu d’entrée dans l’industrie du sexe a été les salons de massage. Mais plusieurs n’y sont pas resté.es: face aux abus en salon de massage, beaucoup vont prendre la voie du travail indépendant pour améliorer leurs conditions de travail ainsi que leurs revenus. C’est un parcours récurrent dans l’industrie, que ce soit par choix ou parce qu’un patron nous renvoie suite à un conflit; l’idée de prendre en main l’organisation de son travail (horaire, tarifs, conditions, etc.) est séduisante pour plusieurs.
Travail du sexe et précariat
L’expérience des travailleuse.rs interrogé.es est loin de la vie glamour projetée dans certaines représentations populaires du travail du sexe. La réalité est plus complexe. S’il s’agit certainement d’une façon d’améliorer ses conditions économiques, les TDS combinent souvent plusieurs sources de revenus pour arriver à un niveau de vie qu’iels considèrent décent. Leurs revenus demeurent instables et précaires.
En effet, plusieurs répondant.es ont mentionné qu’il était difficile d’estimer leurs revenus, car ceux-ci variaient énormément d’un mois à l’autre. Les travailleuse.rs vont donc multiplier les hustles. Il n’est pas rare qu’iels combinent le travail en salon de massage avec leur travail d’escorte indépendante, le stripping, le camming ou la production de contenu sexuel en ligne comme OnlyFans.
La moitié des répondant.es ont aussi affirmé avoir un autre emploi hors de l’industrie du sexe. Ces emplois étaient dans des domaines variés: santé, culture, recherche, agriculture. Plusieurs ont aussi déclaré être aux études et certain.es recevaient des prêts et bourses. Une personne avait aussi des revenus d’aide sociale avec contrainte sévère à l’emploi. Le travail du sexe est ainsi une façon de pallier des revenus insuffisants pour vivre dignement.
Toutefois, la précarité vient avec l’avantage de la flexibilité. C’est ce qu’une masseuse rapportait: malgré les conditions de travail difficiles en salon de massage et le fait de ne pas avoir de revenus stables, l’argent rapide et les horaires flexibles font que le jeu en vaut la chandelle. Cet élément est important à garder en tête dans nos luttes. En effet, cette liberté est recherchée par de plus en plus de travailleuse.rs à notre époque. On peut y voir une aspiration à davantage de temps libre et à une réduction du temps de travail. Cela permet de comprendre l’attrait du travail en salon de massage et du travail du sexe en général. Garder cette flexibilité doit être au coeur de nos revendications, car c’est un avantage que les travailleuse.rs ne veulent pas perdre.
Cette partie de l’analyse se veut l’occasion de réfléchir à l’organisation du travail dans les salons de massage: comment se divise-t-il? Quelles sont les dynamiques de pouvoir? Nous avons également questionné les participant.es sur leur expérience quant aux conditions de travail. Les enjeux principaux étaient liés à la salubrité et aux violences.
L’organisation du travail:
Le patron:
Les patron.nes des salons de massage sont des hommes, des femmes et, dans un cas, une personne queer. Les patronnes sont souvent d’anciennes masseuses ou d’anciennes secrétaires.
Iels sont souvent décrit.es par les masseuse.rs comme des personnes abusives, narcissiques et invalidantes. À ce niveau, il n’y a pas vraiment de différence significative entre les hommes et les femmes, bien que ces dernières aient un côté maternant selon les personnes interrogées. Iels sont souvent décrit.es comme des personnes manipulatrices, qui jouent des games psychologiques pour tirer avantage de leurs employé.es. Dans plusieurs cas, les patron.nes ont eu des commentaires dénigrants envers les masseuse.rs sur leur apparence physique, leur grosseur ou ont eu des propos racistes. Une autre plainte fréquente est que les patron.nes prennent le côté des clients plutôt que celui de leurs travailleuse.rs en cas de violence. Également, dans au moins deux salons de massage, l’employeur avait des relations sexuelles avec des masseuses, causant des dynamiques de pouvoir et d’abus. Les masseuse.rs affirment que leur boss ont souvent leurs préféré.es, ce qui alimente le clivage et crée un climat de travail malsain.
Dans certains cas, le patron étant absent du milieu de travail la plupart du temps, c’était plutôt la secrétaire qui assurait la gestion des lieux et prenait le rôle du patron.
La secrétaire:
Les secrétaires sont généralement en charge d’accueillir le client et de collecter le paiement pour la chambre. Ce sont généralement des femmes.
Bien que les secrétaires aient été peu mentionnées dans les entrevues, il est apparent qu’elles sont une figure ambivalente pour les masseuse.rs. Les secrétaires sont parfois les alliées des masseuse.rs quand il s’agit de donner de l’information sur les clients. En effet, certaines les avertissent si un client a déjà été violent par le passé. Certains salons ont un manager qui agit également comme bouncer.
Toutefois, dans certains salons, particulièrement si le patron est absent, la secrétaire va également assurer la discipline. Cinq masseuse.rs ont affirmé avoir vécu de la violence, surtout psychologique, de la part des secrétaires.
Les masseuse.rs:
Les masseuse.rs sont le pilier de leur milieu de travail. Sans elleux, il n’y a pas de salon de massage. Iels prodiguent des massages érotiques (incluant une masturbation) avec ou sans extras.1
Dans les salons de massage avec extras, les masseuse.rs négocient généralement les services avec le client, et ce dernier leur paie directement. En général, ce sont les masseuse.rs qui en décident le prix, mais certains salons vont fixer un minimum ou un maximum. Un salon avait même établi une grille tarifaire pour chaque extra. Parfois, les patron.nes font pression pour que les travailleuse.rs baissent leur prix. Dans certains cas, les masseuse.rs vont discuter et fixer ensemble les tarifs pour chaque acte. Cependant, certain.es répondant.es ont affirmé préférer éviter de parler de leurs services par peur de créer des tensions et de la compétition avec leurs collègues. Par exemple, quelques masseuse.rs ont dit que certains extras comme le bareback2 étaient tabou.
Dans un salon, l’employeur a tenté d’instaurer le paiement des extras directement à la secrétaire au moment du paiement de la chambre, ce qui n’a pas plu aux masseuse.rs qui perdaient leur pouvoir de négociation avec le client. Cette situation a mené à beaucoup de protestations et à plusieurs renvois. Cette formule ne semble pas être la norme dans les salons de massage.
Les masseuse.rs qui travaillaient dans des salons de massage sans extra ont affirmé que les clients s’attendent en général à ce que des extras soient donnés. Iels disent devoir constamment les refuser aux clients, poussant certain.es à préférer les salons avec extras. Si iels ne faisaient pas elleux-mêmes d’extras, iels soupçonnaient fortement d’autres d’en faire. Et si certain.es travailleuse.rs offraient des extras, iels le faisaient malgré le risque d’être dénoncé.es par les clients et d’être renvoyé.es. Aussi, dans ces salons, il est interdit de posséder des condoms, et les TDS qui offrent des services complets doivent les cacher.
Une autre partie du travail des masseuse.rs est le travail ménager. Il est généralement attendu qu’iels nettoient les chambres, la douche et parfois, qu’iels fassent le lavage après leur rencontre. Souvent, la tâche de faire le ménage des autres espaces n’appartient à personne, et certain.es vont donc prendre sur elleux de le faire. Nous élaborerons davantage sur les tâches d’entretien ménager dans la partie suivante.
Salubrité et hygiène:
Les résultats de l’enquête au niveau de la propreté et de l’hygiène sont partagés en deux extrêmes: d’un côté, les personnes sont très satisfaites et de l’autre, elles sont répugnées.
Comme nous l’avons tout juste soulevé, les masseuse.rs prennent en charge une grande part du travail ménager dans les salons: après un rendez-vous, iels doivent désinfecter le matelas, changer les draps, vider la poubelle, mettre les serviettes à laver, ainsi que d’autres tâches de base. Un élément souvent mentionné est le manque d’équipements et d’outils de nettoyage, ce qui nuit à l’accomplissement de ces tâches.
En ce qui a trait aux activités d’entretien général des lieux, un constat est clair: celles-ci sont généralement bâclées. Parmi ces tâches, les participant.es ont nommé le nettoyage des douches, des miroirs, du sol et des espaces communs. Comme nous l’avons observé plus haut, les responsabilités et les rôles dans les salons de massage sont floues; cet ouvrage est rarement assigné à qui que ce soit. À l’exception d’un salon de massage qui embauche une femme de ménage aux deux semaines, le travail est généralement effectuées par les masseuse.rs ou parfois par la secrétaire, une réalité qui met en lumière le caractère genré du ménage. Plus encore, ce travail est effectué gratuitement: à part la rémunération directe des clients, aucune rétribution ne leur est accordée pour cette besogne répétitive d’entretien des lieux. Pourtant, le salon de massage reçoit un paiement du client pour la location de la chambre.
Certain.es ont témoigné d’une insalubrité extrême dans leur salon causée par des infestations de rats et de punaises de lit, de la moisissure, des infiltrations d’eau, des fissures au plafond et sur le sol, etc. Face à cet environnement de travail nocif, les plaintes des masseuse.rs sont rarement entendues: soit le patron ignore simplement leurs demandes, soit il fait le travail à moitié.
Violences et insécurité au travail :
Les violences vécues en salon de massage sont multiples et prennent parfois des formes insidieuses. Toustes les répondant.es ont vécu des violences, celles-ci étant de la part des clients, des secrétaires, des patron.nes, et plus rarement, de leurs collègues ou de la police.
Les clients dans les salons de massage sont les premiers à utiliser la violence. Les actes les plus souvent rapportés sont les agressions sexuelles et physiques: imposer des gestes non négociés préalablement, retirer ou tenter de retirer le condom, étouffer, restreindre et frapper. Plusieurs répondant.es ont également soulevé le caractère économique des abus, tel que le refus de payer, la négociation des tarifs et le vol. Plus encore, les violences psychologiques et verbales, telles que le dénigrement, les menaces de mort, les propos racistes, homophobes et mysogines, sont courantes.
De la part de la gestion, c’est-à-dire des secrétaires et des boss, les violences qui nous ont été raportées sont surtout économiques, verbales et psychologiques. Un élément qui est revenu maintes fois sont les sanctions économiques imposées par le patron. À un des salons de massage, le patron imposait une amende de 20$ si l’emballage d’un condom était oublié dans la salle. D’autres abus patronaux rapportés par les masseuse.rs sont des pratiques interdites par les normes du travail: obligation de travailler de plus longs shifts, défense de sortir à l'extérieur durant l'entièreté du quart de travail, harcèlement, fermeture du salon sans préavis, renvoi airbitraire, surveillance par micro des espaces communs, agressions, etc. Plusieurs masseuse.rs ont décidé de partir de leur propre chef, tanné.es de se faire dénigrer sur leur physique. Les poils, les cheveux, le port des talons hauts, la lingerie, le maquillage: les masseuse.rs doivent se conformer aux standards de la féminité imposés par le patron et la secrétaire.
Plus rarement, le sentiment d’insécurité provient des comportements des collègues. Certain.es répondant.es ont nommé que la whorearchy3 créé des rapports de pouvoir entre les masseuse.rs «décent.es» et celleux qui sont méprisé.es pour leurs pratiques. Ces actes sont parfois jugés comme sales et impurs, d’autres fois comme une façon d’avoir tous les clients.
Enfin, des éléments externes au salon de massage peuvent créer de l’insécurité pour les travailleuse.rs. Notamment, certaines ont mentionné la surveillance constante de la police, celle-ci prenant parfois en photo les plaques d’immatriculation des masseuse.rs. Certain.es masseuse.rs ont témoigné des descentes dans leur salon, la police se faisant passer pour des clients pour obtenir des services.
Les masseuse.rs résistent quotidiennement. Face à un boss autoritaire et à l’absence de droits, les TDS doivent trouver des moyens de reprendre le contrôle. Parmi les stratégies individuelles, celles relatées allaient de prétendre avoir ses menstruations pour finir plus tôt à faire du vandalisme. Parfois, résister c’est aussi quitter son milieu de travail pour travailler comme escorte indépendante ou trouver un salon plus sécuritaire. Ces stratégies sont l’expression d’un refus de travail qui doit être reconnu comme tel si on veut le transformer en stratégies de résistance collectives.
Durant les entrevues, les masseuse.rs ont témoigné de leurs stratégies pour s’entraider et s’organiser avec leurs collègues. Iels partagent les informations importantes sur les clients pushy et violents et sur comment travailler avec eux en maintenant ses limites. Les expériences de l’une servent également à l’autre lorsqu’il s’agit de confronter le patron ou la secrétaire sur leurs comportements abusifs. À ce propos, plusieurs ont rapporté se regrouper pour discuter de leurs conditions, formuler des propositions, choisir une personne pour les nommer au boss ou faire front ensemble. Par exemple, dans un salon de massage, les masseuse.rs se sont uni.es pour demander une extermination des punaises de lit sur le lieu de travail. Dans un autre milieu, les travailleuse.rs ont protesté contre l’instauration du paiement des extras à la réception. Dans ce cas-ci, iels organisaient des rencontres pour parler de la situation et décider qui discuterait avec l’employeur. Très souvent, cette stratégie s’est conclue par des renvois.
Enfin, certaines ont nommé s’organiser en dehors des salons de massage, entre collègues, pour se conseiller et s’aider à acquérir de meilleures opportunités de travail, en partageant l’information sur les milieux plus sécuritaires ou encore les voies pour travailler de façon indépendante. Quelques masseuse.rs ont également mentionné s’organiser au CATS.
Cette analyse du travail des masseuse.rs permet de tirer des conclusions utiles à l’organisation politique des TDS en milieu de travail. Il s’agit ici de propositions qui devront être discutées en groupe et adaptées aux différents milieux afin d’être mises en action. Néanmoins, il nous semble important de les formuler afin de sortir de la simple collecte de données et de faire avancer la lutte pour l’amélioration de nos conditions de travail.
D’abord, l’organisation du travail pourrait être négociée avec l’employeur. Au plan des extras, les travailleuse.rs auraient avantage à discuter ensemble des tarifs qu’iels veulent fixer pour chaque service et à les imposer au boss. Le fait de permettre des extras dans un salon devrait aussi être une décision collective imposée par les masseuse.rs. Aussi, le travail ménager devrait soit être pris complètement en charge par l’employeur, étant donné que le client le paie pour la location de la chambre, soit être rémunéré. Le fait d’égaliser le prix des extras serait aussi une façon d’accroitre la solidarité.
Ensuite, la violence reste un élément majeur à combattre dans les salons de massage. L’enjeu principal est que des clients vont être tolérés malgré des comportements violents puisqu’ils sont une source de revenu pour le salon. Pire encore, le passé violent d’un client n’est souvent pas divulgué aux nouvelles travailleuse.rs. Nous pensons que le droit de refuser un client devrait aller de soi et qu’il devrait être accompagné de la connaissance de l’historique du client. Le choix de bannir un client du salon devrait être remis aux travailleuse.rs. Les épisodes violents pourraient être répertoriés et partagés entre salons sous forme de blacklist.
Mais il est clair qu’étant donné les renvois abusifs dans les salons de massage, obtenir ces gains ne sera pas évident. Pour ce faire, l’unité entre les masseuse.rs est essentielle. Dans les cas que nous avons étudiés, c’est le renvoi des travailleuse.rs les plus militant.es qui a mis fin aux mobilisations. Il faut que l’organisation contre les renvois soit au rendez-vous.
Nous pensons que la création d’un syndicat autonome est essentielle à l’organisation des TDS, non pas pour les protections légales qu’il apporte puisque notre activité est illégale. C’est plutôt pour l’organisation puissante qu’il permet qu’il est nécessaire. À travers un syndicat, nous pouvons mener des actions collectives et renverser le rapport de force face à l’employeur. On peut envisager des moyens de pression tels que la grève, le piquetage, les démissions collectives, etc. Ces pratiques permettent de faire dévier le cours normal des choses et de mettre en péril les revenus de l’employeur, le forçant ainsi à faire des concessions. On peut donc négocier de nouvelles conditions de travail et lutter contre la répression, comme les renvois injustifiés.
Depuis le début, nous disons que faire la pute, c’est travailler! Le mouvement des travailleuse.rs a lutté de mille et une façons contre leurs patron.nes. Les TDS sont créative.fs et développeront certainement des tactiques pour faire vivre ces stratégies dans leur milieu de travail.
1. Les extras sont des services sexuels de différents types par exemple: blowjobs, pénétration vaginale, pénétration anale, frenchkiss, bareback (pénétration sans condom). ↩
2. Pénétration sans condom. ↩
3. La whorearchy, qu’on pourrait traduire par la hiérarchie des putes, rapporte au système hiérarchique dans lequel les TDS sont classées. Cela se joue en fonction de la proximité avec les clients (par exemple les TDS qui offrent des services complets), avec la police, mais également en fonction de normes de classe, de race et de genre. Ainsi les TDS de rue se retrouvent au bas de l’échelle. Au CATS, nous souhaitons lutter contre ces systèmes de pensée qui minent la solidarité entre putes. ↩